Pour lire le rapport complet, téléchargez le PDF.
Comme beaucoup de cadres qui œuvrent dans le domaine des services financiers, Mika n’avait jamais vraiment envisagé une carrière dans le secteur public. Les arguments qui s’opposent à une telle démarche font partie intégrante de son domaine d’activité.
Le secteur public est trop lourd et ses dirigeantes et dirigeants trop sensibles aux caprices des représentantes et représentants élus et de l’opinion publique. Et bien que les postes de haute direction puissent être passablement bien rémunérés, ils ne peuvent pas rivaliser avec la rémunération du secteur privé.
Pourtant, lorsqu’un recruteur a communiqué avec lui pour lui parler d’un poste dans l’administration publique – un poste de direction dans un organisme de premier plan disposant d’un budget de plusieurs milliards de dollars – il a été suffisamment intrigué pour accepter de rencontrer le directeur et de réfléchir aux possibilités qu’offrait ce poste.
La carrière de Mika dans le secteur privé avait été très satisfaisante et gratifiante d’un point de vue financier. Toutefois, il a commencé à se demander ce que ce serait de travailler pour un organisme qui poursuit un objectif très médiatisé, fondé sur un idéal élevé. Une organisation chargée de générer des résultats immédiats dans un domaine où les besoins du public sont importants. Un travail qui, en fin de compte, aurait une incidence sur la vie des gens.
En somme, Mika a commencé à entrevoir une possibilité de carrière vraiment unique : l’occasion de « créer quelque chose » de tangible et de durable. Il a compris que la transition vers le secteur public ne se ferait pas sans difficulté. Tout, de la manière dont les décisions sont prises jusqu’à la manière dont la responsabilité est envisagée, serait différent de façons subtiles, néanmoins importantes. Plus il discutait avec l’agence de recrutement, plus l’offre devenait intéressante.
Avant même de s’en rendre compte, Mika envisageait d’accepter une offre d’emploi et de se lancer dans une carrière dans le service public.
Riche en enseignements, l’expérience de Mika n’est pas unique. Depuis longtemps, le secteur public est comparé à un chant de sirènes pour les meilleurs cadres de l’industrie privée désireux de poursuivre de nouveaux objectifs et aspirations professionnels. Toutefois, le passage du secteur privé au secteur public peut s’avérer complexe. Voici ce que doivent savoir les cadres qui envisagent de franchir le pas.
Comment le secteur public se perçoit-il et perçoit-il ses dirigeantes et dirigeants?
Les inconvénients d’une carrière de cadre dans le secteur public sont bien connus des nombreuses cheffes et des nombreux chefs d’entreprise du secteur privé. La plupart de ces cadres comprennent qu’à long terme, bien que les salaires soient peut-être inférieurs, d’autres facteurs financiers, dont l’assurance-maladie complémentaire et les prestations de retraite, peuvent quelque peu aplanir la disparité salariale.
Certains s’inquiètent également des répercussions que peut avoir, sur leur processus décisionnel, l’exercice de leurs fonctions sous les projecteurs. En outre, diriger une équipe sans disposer de la gamme de mesures incitatives qu’offre le secteur privé pour stimuler l’engagement et la productivité peut poser des problèmes.
Cependant, c’est dans la façon dont les fonctionnaires conçoivent leur travail et perçoivent leurs dirigeantes et dirigeants que se trouve la véritable valeur d’un poste-cadre dans le secteur public. La bonne nouvelle, c’est que la grande majorité des personnes compétentes accueillent à bras ouverts les avantages potentiels du travail au sein de la fonction publique.
Un sondage mené auprès de personnes de la génération Y titulaires de diplômes d’universités canadiennes a montré que ces millénariaux reconnaissent un emploi dans le secteur public comme offrant une plus grande sécurité de l’emploi, un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, davantage de possibilités de poursuivre des études et de meilleures perspectives de « contribuer de manière positive à la société ». En outre, le sondage a révélé que la majorité des personnes interrogées étaient d’avis que le secteur public est soumis à des normes éthiques plus élevées et offre un environnement de travail plus progressiste.
Cette évaluation favorable n’est pas propre au Canada. D’autres sondages et études similaires visant à comparer les attitudes des travailleuses et travailleurs professionnels aux États-Unis et en Allemagne ont montré que les emplois du secteur public sont aussi attirants, voire plus attirants, que les emplois du secteur privé, pour de nombreuses raisons non pécuniaires. Et, en fait, que les carrières dans la fonction publique sont souvent plus prestigieuses.
Ces résultats indiquent que la main-d’œuvre du secteur public est engagée et motivée. Cependant, comment ces personnes perçoivent-elles leurs dirigeantes et dirigeants? Étonnamment, il semble exister une culture de leadership forte et positive dans la sphère publique.
Mené chaque année par le Secrétariat du Conseil du Trésor fédéral, le Sondage auprès des fonctionnaires fédéraux de 2022 révèle que plus de 80 % des fonctionnaires fédéraux attribuent une note élevée à la qualité globale de la supervision qu’ils reçoivent de leurs dirigeantes et dirigeants, notamment pour l’importance accordée au travail collaboratif et au fait de tenir les employées et employés au courant des questions touchant leur travail. Environ deux tiers des personnes interrogées ont également attribué aux cadres supérieurs une note très élevée pour le leadership éthique et le fait de montrer l’exemple. Ces résultats feraient l’envie de n’importe quelle dirigeante ou n’importe quel dirigeant du secteur privé.
Cependant, il est important de se rappeler que si l’expérience de direction dans le secteur privé est précieuse lors du passage au service public, il existe de nombreuses différences qu’il convient de reconnaître et de prendre en compte.
Trois éléments dont il faut tenir compte avant de passer au secteur public.
Les dirigeantes et dirigeants qui envisagent de passer au secteur public doivent prendre connaissance de certaines mises en garde. Entre les deux secteurs, les différences de culture, d’état d’esprit et de comportement peuvent être significatives et nécessiter des efforts sur les plans de l’apprentissage et de la mise en pratique.
Ne sous-estimez pas les différences entre actionnaires et parties prenantes. Dans le secteur privé, les dirigeantes et dirigeants doivent rendre des comptes aux actionnaires et, dans certains cas, au conseil d’administration. Dans le secteur public, les responsabilités s’étendent à une communauté de parties prenantes beaucoup plus large et diversifiée : les contribuables, les prestataires de services tiers, les dirigeantes et dirigeants politiques et, surtout, les citoyennes et citoyens. Le passage d’actionnaire à partie prenante peut s’avérer décourageant au début. Mais au fil du temps, c’est ce qui contribue à définir le sens fondamental de l’objectif.
Dites-vous qu’il n’est pas plus difficile de prendre des décisions; c’est tout simplement différent. Le concept de « bureaucratie » est désormais étroitement lié au secteur public. On lui attribue la lenteur et la complexité de la prise de décisions. Mais pour les personnes qui travaillent dans l’administration publique, il existe une autre perspective. La bureaucratie peut être considérée comme un terme générique pour désigner les mécanismes de contrôle qui régissent souvent les dépenses et les programmes publics. Les dirigeantes et dirigeants qui passent du secteur privé au secteur public doivent avoir conscience que l’imputabilité est un moyen de s’assurer que l’argent des contribuables est dépensé à bon escient. S’il ne fait aucun doute que certaines formalités administratives sont inutiles, il arrive souvent qu’elles ne soient pas aussi complexes que ce que certaines personnes de l’extérieur voudraient bien nous faire croire.
Renseignez-vous sur l’organisme du secteur public qui vous intéresse. Ignorer ou ne pas comprendre ce que fait le gouvernement constitue l’un des principaux reproches que font les fonctionnaires aux dirigeantes et dirigeants d’entreprises privées. Une plus grande transparence est l’un des grands avantages dont profitent les dirigeantes et dirigeants du secteur privé une fois dans le secteur public. Autrement dit, en utilisant des ressources accessibles au public – reportages des médias, rapports annuels du gouvernement, audits de haut niveau – les dirigeantes et dirigeants du secteur privé devraient être en mesure d’acquérir une bonne connaissance du ministère ou de l’organisme auquel ils envisagent de se joindre.
Conclusion : le secteur public est une occasion à explorer
Bien que les mythes et les idées fausses sur le secteur public perdureront sans doute, un plus grand nombre de dirigeantes et de dirigeants du secteur privé explorent la possibilité de passer au secteur public. Cette réorientation est particulièrement intéressante pour celles et ceux qui ont de solides bases professionnelle et financière et qui recherchent maintenant un emploi dont l’incidence et l’objectif sont différents de ceux d’une organisation privée.
Il suffit que les dirigeantes et dirigeants acceptent de relever les défis et ouvrent leur esprit aux possibilités.