Rencontre au sommet
Le Devoir rapporte comment un étudiant reçoit un avant-goût de ce qu’est la routine quotidienne pour un dirigeant de Manulife.
Par: Karl Rettino-Parazelli
Gratifiantes, les fonctions de chef de la direction? Sans aucun doute. Exigeantes? Tout autant. Dans le cadre du programme « Chef de la direction d’un jour », l’étudiante Audrey Couture a pu le découvrir en passant une journée en compagnie du président et chef de la direction de Manuvie Québec, Charles Guay. Compte rendu d’une leçon de résilience.
D’un côté, Audrey Couture, 21 ans, finissante de HEC Montréal en administration des affaires et en finance. Face à elle, Charles Guay, 43 ans, diplômé de l’Université Laval en administration des affaires et grand patron de Manuvie au Québec depuis février 2015.
Dans les bureaux à aire ouverte de la société, au centre-ville de Montréal, ils sont en grande discussion lorsqu’on s’approche pour discuter un peu. M. Guay explique à sa protégée la variété des produits d’assurance offerts par son entreprise et insiste, en gesticulant, sur l’importance du travail d’équipe. Audrey écoute attentivement, un sourire collé au visage.
« Je veux comprendre, démystifier le quotidien d’un chef d’entreprise. Plus tard, je veux diriger une équipe, je veux influencer positivement les gens autour de moi et je veux voir comment ça peut se faire. C’est l’ensemble de l’exercice du leadership que je veux observer », affirme-t-elle au Devoir, profitant d’une courte pause pour faire le point sur cette journée qu’elle attend depuis longtemps.
« À l’école, on se fait dire beaucoup de choses sur la vie réelle au travail, mais de se faire une image concrète de ce que c’est, ça veut tout dire », ajoute-t-elle.
Audrey Couture fait partie des 18 étudiants canadiens qui ont été sélectionnés cette année dans le cadre du programme « Chef de la direction d’un jour ». Au terme d’un processus de sélection comparable à celui imposé aux véritables chefs d’entreprise, la jeune femme s’est démarquée par ses résultats scolaires, mais également par son engagement sociale et sa personnalité. Elle peut aujourd’hui goûter au quotidien d’un patron, avec ses hauts et ses bas.
Travail exigeant
« Aujourd’hui, tu trouves qu’il y a eu des imprévus. Moi, je trouve qu’il n’y en a eu aucun ! lance Charles Guay en riant. Il se passe beaucoup de choses dans une journée. Ça se déroule rarement comme tu le souhaites. Il y a des défis de système, des objectifs qui sont ambitieux, des clients qui ne sont pas toujours satisfaits, des tensions entre les employés. »
Pour réussir en affaires, il faut selon lui être passionné, avoir de l’énergie à revendre et, par-dessus tout, faire preuve de « résilience » pour tenir le coup face aux longues heures de travail et à la pression constante.
« Ce serait faux de dire que les jobs de direction sont des jobs faciles. Ce sont des jobs extrêmement exigeantes, dit-il. Il y a des jours où tu peux te demander après quoi tu cours. Je commence tous les matins à 6 h et je finis rarement avant 19 h 30 ou 20 h. C’est un gros sacrifice, mais il y a plusieurs récompenses. On bâtit des projets extraordinaires, on contribue à faire évoluer une entreprise. »
Audrey est consciente des exigences requises, et elle est prête à mettre les bouchées doubles s’il le faut. Elle ne sait pas ce qui l’attend, et c’est parfait ainsi. Travailler ici ou ailleurs, tout dépendra des occasions. Chose certaine, elle veut avoir une influence qui dépasse les murs d’une tour de bureaux.
« Je veux aller à l’encontre de l’idée qu’on se fait d’une simple business. Je veux apporter ma contribution et montrer qu’on peut s’engager dans la société, quel que soit notre secteur d’activité », confie-t-elle.
Cette étudiante ambitieuse veut gravir les échelons, atteindre les plus hauts sommets, mais pas à tout prix. « Ce qu’il faut aussi que j’accomplisse dans ma vie pour être 100 % heureuse, c’est de concilier le travail et la famille. Ce n’est sans doute pas facile, mais j’y crois. »
« Ça prend un équilibre, et cet équilibre-là n’existe pas dans un livre. Il est propre à chacun », répond M. Guay. Ce père de quatre enfants sait de quoi il parle. La gestion des horaires n’est pas toujours de tout repos. Pour lui, les semaines sont chargées, mais les fins de semaine sont « sacrées ».
L’entretien tire à sa fin et le dirigeant doit partir en vitesse. Un rendez-vous important ? Un avion à prendre ? « Il faut que j’aille à Québec, mes enfants ont une compétition de ski », glisse-t-il en souriant, avant de dire au revoir à Audrey. Le patron occupé vient de terminer sa journée, au tour du papa de prendre le relais.